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5 Sep

« Je t’écrirai de là-bas » Journée du patrimoine 17-18 septembre 2022 17h

Journées du Patrimoine 2022

Samedi 17 Septembre et Dimanche 18 Septembre à 17h

Lecture/Spectacle à La Maison Carré 27, Le canal 67120 Wolxheim

« Je t’écrirai de là-bas »

Correspondances de Malgré-Nous 1943-1945

« Ecris-moi, chère femme car j’ai besoin de lire tes mots. Je me sens si étranger ici. »

 

Lecture de lettres inédites de Malgré-Nous par Aline Gross Batiot. Ces lettres ont été transmises par des enfants de Malgré-Nous et Malgré-Elles ayant répondu à l’appel qu’Aline Gross Batiot a lancé dans les DNA fin 2010.

Jeu : Aline Gross Batiot

Voix off : Andreas Kroll

Direction d’acteur : Prosper Guedj

Production : Théâtre de l’Escarpin

Lectures organisées à La Maison Carré dans le cadre des Journées du Patrimoine avec le soutien de la Collectivité Européenne d’Alsace

Spectacle gratuit. Réservation conseillée: 06 48 72 61 74

Départ des premiers Malgré-Nous en 1942 à la gare d’Avolsheim

« Je t’écrirai de là-bas »

Je ne suis pas historienne. J’aime les lettres. En ce qu’elles permettent d’aller du singulier à
l’universel. Ou vice versa.
Lorsque une dizaine de lettres de mon beau-père, Georges, ( décédé en 1996 à Strasbourg)
ont été retrouvées à Brumath dans sa maison natale et paternelle en 2006, après plus de 60
années « d’oubli » l’émotion a été grande.
L’écriture régulière, fine et appliquée, le papier fragile comme du verre…tous ces mots d’un
jeune homme dont nous connaissions si peu la guerre, restée comme chez tant d’autres sous
silence, il nous restait à les traduire, les découvrir, pour mieux comprendre.
D’une de ces lettres postée d’Italie fin 1943 est tombée une petite fleur séchée…
Instant poétique.
Ce n’est que quatre ans plus tard que j’ai formé le projet de monter une lecture publique de
Lettres de Malgré-Nous, parmi lesquelles figureraient celles de Georges, les toutes premières
découvertes.
Ces lettres (et journal intime d’une jeune fille enrôlée dans le R.A.D.) que je m’apprête à lire
à haute voix, je ne les ai pas trouvées dans un recueil, elles me sont arrivées dans ma propre
boîte à lettres, envoyées par les enfants de Malgré-Nous et Malgré-Elles ayant répondu à mon
appel lancé dans les DNA fin 2010. Et je me souviens de mon émotion à les lire, j’arrêtais
tout, le temps était suspendu, j’allais à la rencontre de Désiré, d’Alfred, de Gretel de
Marthele…etc…
Parfois les larmes me montaient, parfois je souriais, j’étais bouleversée.
Mon émotion première : la retrouver et la transmettre, voici ce à quoi j’espère parvenir.
Bien sûr, j’ai pris le recul nécessaire pour construire ce spectacle : lire, relire, choisir,
organiser afin d’assurer une cohérence à l’ensemble, mettre en lumière ce qui me « parlait »,
ce qui rejoignait l’Histoire à travers des histoires personnelles, intimes, et à la fois collectives.
Car à cette situation historique bien spécifique chacun des jeunes incorporés va s’adapter,
selon la perception qu’il en a, selon sa propre personnalité et c’est ce va- et- vient de l’un à
l’autre de ces « personnages » que j’essaie de réaliser, en m’attachant à montrer leur
évolution au fil des mois.
L’originalité de ce corpus tient au fait que j’ai eu la chance de recevoir deux magnifiques
correspondances de couples, précieusement conservées par leurs filles respectives « Miesele »
( Elisabeth) et « Liesele »( Marie-Louise)- toutes petites filles à l’époque, et présentes dans
les lettres !- et que j’ai rencontrées en 2011 pour parler de leur histoire, tout simplement.

Et certaines de ces lettres écrites par leurs mères restées au village sont de véritables poèmes
d’amour. Elles expriment leur attente, leurs angoisses, leur dévotion aux réalités quotidiennes,
les saisons, les alertes aériennes, les naissances, la vie qui continue, malgré tout.
Mettre en voix ces textes est pour moi un honneur et un bonheur. Faire passer ces paroles de
l’ombre à la lumière, faire vivre cette mémoire.
Aline Gross-Batiot.